mardi 31 décembre 2019

Bonne année 2020

Vœux et autres souhaits pour l'année à venir

Bonjour à tous,

Que cette année 2020 qui s'éveille voit la réalisation d'au moins un souhait pour chacun.
Je souhaite que nous puissions bénéficier de la meilleure santé possible et que nous soyons capables d'apporter le sourire à ceux qui nous sont proches.
J'espère que Limay saura retrouver un peu de son âme et que ceux qui aiment encore notre ville renouent avec le plaisir de flâner dans des rues redevenues sûres et de discuter de tout et de rien, à la croisée des chemins, sans devoir baisser le ton ou se hâter d'aller se claquemurer, avant même la tombée de la nuit, par peur des mauvaises rencontres.


En un mot comme en mille : Bonne Année ! 
A bientôt.
 


Sommaire

Généralités :
A Limay :
    • Qui sont-ils ? Comment les joindre ? Où s’informer ?
Actualités :


mercredi 18 décembre 2019

Vous pouvez être électeur à Limay si

Municipales 2020

Reprenons le contrôle de notre ville de Limay Votons aux municipales
Vers l'article précédent
Bonsoir à tous,
Si vous possédez la qualité de gérant ou d'associé majoritaire ou d'associé unique d'une société qui paye ses impôts locaux à Limay, vous pouvez vous inscrire sur les listes électorales de cette commune et participer ainsi aux prochaines municipales.
Ces conditions doivent être réunies depuis au moins deux ans.

Vous pouvez vous inscrire en ligne sur le site de l'administration française.
C'est très facile !
Vérifiez simplement que vous êtes bien sur le site officiel.

N'oubliez pas que si vous êtes citoyen européen vivant à Limay, vous pouvez participer aux élections municipales à Limay.

N'hésitez pas à lire mon article précédent et, bien entendu, à aller sur le site de l'administration française : service-public.fr

Vous avez une question, une précision à demander où un ajout à faire à mon article ?
N'hésitez pas !
Laissez un commentaire en bas de cette page OU écrivez-moi en message privé en utilisant le formulaire dans la colonne de droite.

A bientôt

dimanche 15 décembre 2019

Naissance et jeunesse d'un futur soldat de 14-18

Première guerre mondiale

Limay dans les Yvelines

Bonjour à tous,

Voici le début d'une petite biographie consacrée à un futur soldat de la première guerre mondiale.
N'hésitez pas à commenter.
Merci à vous et à bientôt.
                     


Je viens de terminer la lecture du dernier acte inscrit sur les registres de l’état civil de la ville de Limay pour l’année 1884. Oui, je me rends compte que mes occupations peuvent paraître étranges à ceux qui ne me connaissent pas en revanche, mes fidèles lecteurs ne seront nullement surpris puisqu’ils savent que, depuis des années maintenant, je tente de sortir un peu de l’oubli les hommes de cette petite ville des Yvelines ayant un lien avec la Grande Guerre.

Le 27 décembre 1884, Monsieur Adolphe Alexandre Langlois alors maire du village de Limay note soigneusement que la veille, au domicile de ses parents, un enfant de sexe masculin est né et qu’on lui a donné les prénoms de Léon Jules. C’est le père du bébé qui vient faire la déclaration, la maman est dite sans profession, elle est âgée de 32 ans et se nomme Alice Marie Pervillé ; il est assisté par son beau-père, Louis Victor Pervillé qui est alors âgé de 67 ans et est rentier à Limay et par un ami, Ambroise Ferdinand Delaroche, ancien instituteur. Bon, rien d’extraordinaire jusque là mais… Le déclarant est Jules Antoine, il est marchand de bois et porte le patronyme, aujourd’hui toujours bien connu des Limayens qui s’intéressent un tant soit peu à leur ville et à leurs voisins, d’Acolet…

Le même nom que notre menuisier local  ! Mais oui, nous sommes au cœur de l’histoire contemporaine de notre petite ville si aimée des uns et si maltraitée par les autres… alors, remontons un peu le temps.

Les parents de notre petit Léon Jules Acolet se sont mariés ici, dans l’étrange bâtiment qui abrite, à l’époque ou j’écris ces lignes, l’école de musique mais qui dans le temps passé dont je parle était la maison commune. Les travaux nécessaires à l’érection de ce nouvel édifice qui devait devenir la mairie-école de Limay ont officiellement débuté par la très belle cérémonie de pose de la première pierre, le 27 octobre 1857 pour se terminer par la cérémonie d’inauguration fixée au 29 mai 1859. 
Le mariage qui nous intéresse aujourd’hui est célébré le 18 septembre 1871… la période n’est pas des plus

Pontonniers bavarois aux Andelys en 1871, 
peut-être ceux qui ont jeté un pont provisoire sur la Seine, 
entre Limay et Mantes en mars de la même année
heureuses. Limay, terre de passage depuis toujours pour les troupes armées, n’a pas été épargnée par les Prussiens et même maintenant que le traité de paix définitif est signé depuis le 10 mai 1871 à Francfort en Allemagne, la guerre a laissé des traces surtout qu’en plus des revendications territoriales bien connues, la France doit verser une indemnité de guerre de 5 milliards… en attendant que cette somme soit payée… la France reste occupée.


Mais la vie continue et les deux familles avec les amis de nos fiancés du jour se trouvent face à Monsieur Joseph Laurent, alors maire de la petite ville, qui va officialiser l’union.
Le futur est donc Antoine Jules Acolet, il est marchand de bois, né le 10 juillet 1837 à Compiègne dans l’Oise où son père était maître marinier pendant que Louis Pierre Acolet, oncle du nouveau-né, construisait des bateaux. Le prénom d’usage de notre fiancé est Jules, c’est ainsi que je vais donc maintenant le désigner. Lorsqu’il se marie, il est orphelin de père car Antoine, marchand de bois, s’est éteint à l’âge de 58 ans, le 22 janvier 1869, à son domicile situé Chaussée du Pont à Mantes-la-Jolie, ville où le futur habite toujours ainsi que sa mère, Sophie Victoire Decoint, qui y est rentière sans doute depuis son veuvage.

La future est Marie Alice Pervillé qui n’a pas de profession, est née le 02 janvier 1852 à Fontenay-
Saint-Père de Louis Victor alors instituteur et de Adèle Luguière dont le père, François Joseph Alexis, est à l’époque de la naissance de sa petite-fille, régisseur du Mesnil à Fontenay-Saint-Père.


Les parents de la jeune femme sont présents et consentants ; il faut dire qu’ils n’ont pas beaucoup de chemin à faire car, rentiers, ils se sont retirés à Limay. En revanche, la mère du fiancé a donné son consentement par l’intermédiaire d’un acte authentique dressé le 09 septembre par Maître Emile Charles Leblanc, notaire à Limay qui, le 16 suivant, rédigera le contrat qui stipulera que le mariage sera placé sous le régime de la communauté de biens réduite aux acquêts.
Une petite discussion a eu lieu lors du mariage car à la lecture de l’acte de décès du père du futur, Monsieur le maire a relevé une divergence : la veuve Acolet est nommée Victoire Descoint alors qu’on lui a fait écrire sur l’acte de mariage de son fils Sophie Victoire Descoint… toute l’assemblée, dont les témoins qui ont été choisis parmi les amis, atteste que c’est sur l’acte de décès qu’il y a une petite erreur et que la mère du futur se prénomme bien Sophie Victoire.
Revenons maintenant vers notre bébé Léon Jules Acolet né en 1884 et dont les parents sont mariés depuis 1871… entre ces deux dates, il y a de la place pour quelques naissances et, en effet, deux fillettes étaient là pour accueillir le nouveau-né. L’aînée est Berthe, née le 16 juin 1772 à Mantes-la-Jolie au domicile de ses parents, qui était toujours Chaussée du Pont , dont la déclaration de naissance a été faite par le père, toujours marchand de bois, assisté par son beau-père qui habite toujours à Limay. La seconde des filles est Juliette qui est née le 28 mars 1879 à Limay rue des Pigeons, au domicile de son grand-père maternel mais les parents de l’enfant sont toujours domiciliés à Mantes ; l’autre témoin de la naissance de cette fillette est Ambroise Ferdinand Delaroche, ancien instituteur, qui sera aussi présent à la déclaration de naissance de Léon Jules.
Léon Jules a la vie d’un garçonnet de son époque qui se partage entre sa famille, ses copains et son école et quelques grands événements qui viennent ponctuer sa routine comme le 20 décembre 1894 où sa sœur Berthe épouse, à Limay, Isidore Chancerel né le 27 novembre 1861 à Saint-Christophe de Chaulieu dans l’Orne où sa mère, Julie Aimée Devazé, veuve de Charles Louis François Chancerel, habite toujours lors du mariage. Le futur est garçon boucher, habite Limay et a satisfait à ses obligations militaires, il sera même libéré du service le premier octobre 1907 ; sa mère a adressé son consentement par acte authentique. Les parents de la future, dont le père est toujours marchand de bois mais qui habite désormais Limay, sont présents. Un contrat plaçant le mariage sous le régime de la communauté réduite aux acquêts a été signé devant Maître Michel Hippolyte Legoux, notaire à Limay. Deux amis de Limay assistent le futur époux, l’un est marchand boucher et l’autre est épicier. En revanche, les témoins de Berthe ne semblent pas être du village. Il y a Fernand Jules Deslandres, âgé de 38 ans, qui est capitaine d’artillerie en garnison à Bourges et un autre Deslandres, Jules Louis Raymond, âgé de 34 ans, qui est négociant et habite 53 Boulevard Rochechouart à Paris. Ces deux hommes sont dits être petits cousins de la mariée.
Nous les retrouverons encore témoins de Juliette, l’autre sœur de Léon Jules, lorsque, toujours à Limay, elle épousera, le 09 mai 1898, Gaston Léopold Lacarpe qui est clerc d’huissier à Mantes.

Le temps passe si vite, Léon mesure maintenant un bon mètre soixante-dix, il est châtain aux yeux gris-vert, son nez et sa bouche sont moyens et son menton est rond ; son niveau d’instruction est de trois et il est bon pour le service militaire. Il est incorporé au 6e Régiment de cuirassiers dès le 03 novembre 1905, cavalier de 2e classe. Il passe cavalier de 1ère classe le 06 octobre 1906 ; est envoyé dans la disponibilité le 28 juillet 1907.  Il a résidé un temps, en 1908, au 5 de la rue de Paris à Andilly dans le Val d’Oise puis on le retrouve rue du Cordier à Limay où il s’occupe de l’entreprise familiale…
Ne serait-il pas temps pour Léon de commencer à penser sérieusement au mariage ?

A suivre

jeudi 12 décembre 2019

Inscription sur les listes électorales

Limay et les municipales de 2020

Pour voter, il est obligatoire d'être inscrit sur les listes électorales.
Pour participer aux prochaines élections municipales du 15  mars 2020 (et du 22 si second tour), sauf circonstances particulières, il est possible, si ce n'est pas déjà fait,  de s'inscrire sur les listes électorales jusqu'au 07 février 2020.

Les démarches peuvent être effectuées en ligne sur le site officiel de l'administration française : Service-public.fr
Si vous n'en avez pas, il faut créer un compte.

En principe, vous avez été inscrit d'office lorsque :
  • Vous avez accompli les formalités de recensement citoyen
  • Vous êtes devenu Français après 2018
Dans tous les cas où un changement est survenu, si  par exemple vous avez déménagé depuis votre dernière inscription (automatique ou non), il faut renouveler votre inscription.

Européen résidant en France : Vous pouvez vous inscrire pour les municipales (et les européennes) sur la liste complémentaire électorale. Consultez la rubrique qui vous concerne sur le site de l'administration française.

Au formulaire, il faut joindre les pièces justificatives suivantes :
  • Une pièce d'identité. ATTENTION : Elle doit être en cours de validité
  • Un justificatif de domicile à votre nom et qui mentionne l'adresse de votre domicile. ATTENTION : Il doit avoir moins de trois mois.
    • Si vous êtes hébergé dans votre famille ou chez des amis, prenez connaissance des spécificités
L'inscription est bien entendu gratuite. Vérifiez que vous êtes bien sur le site officiel.

mardi 10 décembre 2019

Municipales 2020


J’ai le malheur d’habiter à 

Limay dans les Yvelines…


Ils sont 4 à me promettre un bel avenir ! 


         "Limay avance pour vous et avec vous"                        "Un nouveau souffle pour Limay"
                                   "Limay demain 2020"                             "Envie d'avenir  pour Limay"


Super slogans !
Ne sont-ils pas formidables nos candidats ?

dimanche 22 septembre 2019

Journées du patrimoine Limay Yvelines

Limay... toujours

Bonjour à tous,

Pour les journées du patrimoine, j'ai présenté le début de mon abrégé d'histoire de Limay en format PDF
Un clic sur la photo pour accéder à mon blog principal
que vous pouvez lire et télécharger gratuitement.
Il suffit de cliquer sur l'image en illustration pour accéder à mon blog général puis sur celle de la petite photo en haut à droite pour accéder au PDF.

Une seconde partie va suivre très prochainement.

Je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser un message en commentaire ici ou sur mon blog général.

A bientôt,

Catherine Livet

dimanche 8 septembre 2019

Histoire de Limay - Les Capucins s'installent

Partie 5

Jean Martel, chambellan de Charles V, au couvent des Célestins
Vers la partie 4

Les protestants s’installent à Limay

Les Capucins séduisent la population


Charles n’était pas encore le cinquième, il était Dauphin et duc de Normandie et avait un ami plus qu’un chambellan qui se trouvait à ses côtés à la bataille de Poitiers ; ce familier de la famille royale qui avait pour nom Jean Martel fut cruellement blessé là même où le roi Jean le Bon, vaincu, fut fait prisonnier par les Anglais, ce 19 septembre 1356 et trépassa quelques jours plus tard ; son corps, plus tard, fut conduit  au couvent des Augustins de Rouen.
Sans doute séduit par la beauté du site sur lequel se trouve la chapelle Sainte-Christine à Limay, Charles V décide d’installer son fidèle chevalier Jean Martel après quelques années de travaux, en 1379,  au milieu des frères Célestins qu’il dote très généreusement , sans oublier une rente pour que les moines disent une prière quotidienne à perpétuité pour le souvenir de son chambellan. Le roi ne sera pas le seul donateur au profit du monastère qui va rapidement devenir fort puissant… 
Dans quelques temps, les Célestins ne reconnaîtront plus ni Dieu ni maître… L’archevêque de Rouen, dès le printemps 1774, avisera le roi de France alors Louis XVI que les Célestins ne rentreront jamais dans le rang ; un inventaire des biens du monastère des Célestins de Limay fut
dressé avant sa dissolution qui devint définitive en date du 13 mai 1779. Le comte Martel de Delincourt, village situé dans le département de l’Oise, avec l’autorisation de l’archevêque de Rouen et celle de l’assemblée de la paroisse, fit alors retirer les restes de son illustre ancêtre, de son vivant chambellan de Charles V, de l’ancienne chapelle des Célestins de Limay pour les installer dans la petite église de Delincourt dans laquelle, dans la chapelle sud, on trouve une plaque de pierre qui retrace en quelques lignes la destinée des restes mortels de Jean Martel jusqu’en 1787 date effective de leur arrivée dans cette paroisse.

Laissons les Célestins sur leur hauteur et rallions-nous au panache blanc qui flotte au dessus de la bataille, humons cette bonne odeur de poule au pot et souvenons-nous que labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France… et oui, nous y sommes… Henri IV et son ministre Sully qui est un voisin puisqu’il est né ici à la toute fin de l’année 1559, à Rosny, sans doute même dans le château de Beuron qui se trouve à deux ou trois kilomètres de celui de Rosny qui ne semble pas avoir été en très bon état à cette époque ; c’est un calviniste convaincu et un grand familier de celui qui oscillera, en fonction des besoins du royaume, du protestantisme au catholicisme et qui, légende oblige, deviendra au fil des siècles notre « Bon roi ».
Regardons maintenant l’extrait de plan, dit napoléonien, ci-contre, il n’est donc pas de l’époque de Sully mais ce n’est pas grave, c’est juste pour situer précisément le lieu où nous nous trouvons à Limay pour aborder cette partie de son histoire. Nous nous trouvons donc à l’intersection de la rue des Capucins en haut de la carte et de la rue de la Truanderie dont une partie, à droite de la croix, était appelée rue de la Presche en référence aux protestants qui avaient installé leur lieu de réunions dans une grande maison située à cet endroit. Certains historiens avancent que Calvin en personne serait venu dans la région pour convertir les habitants, il aurait séjourné chez les seigneurs d’Hazeville, ce serait à Enfer, hameau de Wy qui n’était pas encore Joli-Village situé à une vingtaine de kilomètres de Limay, que Calvin aurait écrit une partie de « l’institution chrétienne » publiée à Bâle en Suisse en 1536…  
Quoiqu’il en soit, il semblerait que les premières assemblées se soient tenues à Limay dès 1560 sans doute de manière plutôt clandestine… date qui correspond tout de même plus ou moins à l’édit d’Amboise signé en 1563 entre le catholique duc de Montmorency, maréchal de France, et Louis de Condé, chef des protestants ; une grande liberté de conscience est octroyée aux protestants ainsi qu’une certaine liberté de culte  limitée et très encadrée, notamment, les réunions ne doivent se tenir que dans le faubourg d’une seule ville par bailliage qui accueillera tous ceux du ressort qui le souhaiteront, pour la région, ce sera Limay. Cet édit sera suivi de beaucoup d’autres apportant des nuances, plus ou moins favorables aux protestants, jusqu’à celui de Nemours, signé en 1585, qui proscrit la liberté de conscience et donc, par la même occasion, celle du culte. C’est à Mante, en 1591, que cet édit dit de Nemours sera annulé.
En 1594, catholique depuis son abjuration du 25 juillet 1593 en la basilique de Saint-Denis Henri IV assiste, à Mante, à une réunion de députés calvinistes à qui il aurait déclaré que sa conversion n’avait rien changé à l’affection qu’il leur portait. En 1598, le fameux édit de Nantes est signé… tout va donc bien pour les quelques familles protestantes de Limay et des environs… jusqu’à ce qu’un certain Ravaillac ait l’idée -à moins qu’on ne le lui ait soufflée- de planter une dague dans le cœur tolérant d’Henri IV en ce 14 mai 1610…  

 Archives départementales des Yvelines
Les frères de Saint-François d’Assise prirent leur bâton de pèlerin pour aller porter la bonne parole dans les foyers protestants et de son couvent de Paris, le père Léon est venu jusqu’à Limay prêcher le Carême en 1614, c’est un Capucin donc de la famille des Franciscains… Nous sommes bien loin des arrogants et richissimes Célestins car en plus de leur mission évangélique les Capucins véhiculent une image de simplicité et de bonté, ils ont l’habitude de vivre dans un dénuement certain et n’ont pas peur de côtoyer les plus pauvres pour leur venir en aide.  A Limay comme à Mante la population est séduite par le père Léon  et dès la fin de cette année 1614, les notables tant de Mante que de Limay se réunissent pour délibérer pour savoir si les frères Capucins, qui le demandaient, pouvaient venir bâtir un couvent… peut-être un peu au détriment des Cordeliers, autres Franciscains qui avaient déjà été un petit peu négligés par Charles V tant ce roi était occupé par l’établissement des Célestins de Limay, que les Capucins semblent supplanter dans le cœur de la population… mais c’est, presque, une autre histoire…

Exemple de conversion

 
Et il fut décidé de les installer au plus près du mal hérétique ; le terrain nécessaire à l’établissement des moines est vite trouvé car à Limay, tout prêt du lieu de culte des protestants, se trouve un grand terrain clos de murs qui allait parfaitement faire l’affaire. Sauf que les protestants de la région s’opposèrent vigoureusement à un tel voisinage et envoyèrent une protestation au jeune Louis XIII ; c’est la mère du roi, Marie de Médicis, qui exerce la régence qui répond en interdisant l’établissement du nouveau couvent jugeant que la promiscuité avec les protestants risquait fort de jeter la discorde et les problèmes…
Dans le lettre de la Reine, il n’est nullement écrit qu’il est interdit de planter une croix au milieu du terrain pour marquer symboliquement sa prise de
possession. Tout allait donc se dérouler comme prévu et le 26 avril 1615, jour de Quasimodo, une grande procession se forme au cours de laquelle la croix des Capucins est bénite à Notre-Dame de Mante, par Maître Hubert des Barres, doyen du chapitre puis la croix, en grande pompe, emprunte le pont au bout duquel le père Noblet, curé de Limay attend… mais lorsque ce dernier veut prendre la tête, juste derière le doyen tout de même, de la procession sur le territoire de Limay, il est violemment repoussé et son étole lui est même arrachée…
Les Chiens de Mante viennent de réveiller les Loups de Limay… L’abbé Noblet entend ne pas en rester là et, entrainant les nombreux paroissiens qui l’entourent, il se précipite au clos de l’Assomption, nom du terrain dévolu aux Célestins, et attend de pied ferme la procession de ces Messieurs de Mante et cette fois, le curé de Limay entend procéder lui-même à la réception de la croix… mais bien entendu, ceux de Mante ne l’entendent pas de cette oreille et refusent énergiquement… Ah là là ! Quelle histoire ! Les protestants vont bientôt pouvoir gloser… Heureusement, avant que les Chiens de Mante se jettent à la gorge des Loups de Limay et vice versa, le Père Léonard, Capucin de Paris venu spécialement pour cette grande occasion, intervient en priant l’assemblée de le laisser seul bénir la croix… ce qu’il fit après avoir revêtu l’étole de l’abbé Noblet…
Les lettres patentes autorisant enfin la construction du couvent arrivèrent au moins d’août 1615 et la première pierre fut posée le 04 octobre suivant, cependant les travaux ne seront entièrement terminés qu’en 1623.
Les Capucins vont se mêler étroitement à la population, apportant leurs soins aux pauvres et aux malades et se dévouant tout particulièrement lors des catastrophes qui ne vont pas manquer de s’abattre sur le village et la région.

Le temps nous presse, nous avons encore tant de choses à nous remémorer, empruntons l’ancienne rue du Grès et admirons l’architecture commune, ces maisons de pierre qui sont là parfois depuis fort longtemps,
témoins de la vie et du savoir-faire de nos prédécesseurs mais qui bientôt peut-être seront remplacées par des habitations sans âme et sans avenir…   

Catherine Livet


A suivre


dimanche 1 septembre 2019

Monastère des Célestins et armoiries modernes de Limay


Laissons derrière nous les bords de Seine, traversons précautionneusement les grandes artères et faufilons-nous vite dans les rues anciennes qui nous parlent de l’histoire de Limay dans les Yvelines. Nos regards se portent sur les hauteurs de la ville ou domine une grande bâtisse carrée qui est
Photo de Louis de Faucigny
nommée « château des Célestins »… N’est-il pas normal pour des moines portant un nom si évocateur de vouloir bâtir leur maison sur les hauteurs, au plus près de la voute céleste ? A dire vrai, d’autres raisons ont fait qu’il y a longtemps… très longtemps, une communauté religieuse s’est établie dans le village… Fermons les yeux, oublions ce château… concentrons-nous, tentons de nous souvenir de nos manuels scolaires… voilà, nous y sommes presque… des réminiscences d’histoire de France assaillent nos neurones… Les Valois, les Plantagenêts… la guerre de Cent ans… Charles V… le mythique chevalier Du Guesclin… Mais oui, nous y sommes totalement… en plein Moyen Age ! Et oui, il y avait des Anglais sur ce territoire dont nous parlons… Charles V dit « le Sage », est le premier fils de roi à porter le titre de Dauphin, il est le fils de Jean dit « le Bon » ; Charles II de Navarre qui sera appelé « le Mauvais » réclame, entre autres choses, le trône de France, il a de grandes possessions en Normandie, il s’allie pendant quelques années avec les Anglais dont le roi, Edouard III Plantagenêt, a aussi revendiqué le trône de France et c’est même, pour un temps, proclamé roi de France, ce dernier a pour fils Edouard qui restera dans l’histoire sous le nom de « Prince noir » et qui infligera une cruelle défaite aux Français, en 1356, à la bataille de Poitiers où il fait prisonnier le roi Jean le Bon. Le Dauphin de France devient alors Régent du royaume puis Roi au décès de son père en 1364. Charles de Navarre dit « le Mauvais », cousin du roi de France, et les Anglais tiennent la Vallée de la Seine, les habitants de Limay se sont-ils habitués à croiser ses étrangers qui ont investi la place de Mante et qui occupent Limay, empêchant les bateaux de ravitailler la capitale qui crie famine…. Les Parisiens grondent… il faut trouver une solution…   Charles V
charge Bertrand Du Guesclin de reprendre la vallée. Le chevalier fait le siège de Rolleboise également aux
Bataille de Coquerel – mai 1364 – Chanson de Du Guesclin – Jean Cuvelier
mains des Anglais mais il s’avère que la prise de cette forteresse ne va pas se faire en un jour alors, dans le même temps, il est décidé de prendre la
ville de Mante et pour se faire, un stratagème que l’on attribue parfois au capitaine Guillaume de Launoy est élaboré. Une trentaine de soldats triés sur le volet s’infiltrent dans Mante sous des prétextes divers et prennent bien  soin, pour ne pas attirer l’attention, de faire croire qu’ils ne se connaissent pas. Une vingtaine de soldats revêtent des habits de vignerons sous lesquels ils cachent les meilleures armes qu’il soit possible d’avoir alors. Ils se présentent à la porte par petits groupes et demandent à travailler aux vignes pour gagner leur journée… Cette demande fort courante dans cette région couverte de treilles est reçue sans soulever un seul soupçon et la petite porte leur est ouverte… Promptement, ils s’emparent d’une charrette qui sortait de la ville et la jette en travers du pont pour empêcher la fermeture de la porte et aux cris de « Launoy ! Launoy ! » ameutent les hommes de Du Guesclin, tant ceux déjà en place que ceux qui attendent leur heure tapis dans les environs… Furieusement, comme un seul homme, ils se jettent alors dans la place… et comme les habitants sont encore pratiquement tous profondément endormis, la défense est médiocre et, pour tenter d’échapper aux Français, la population n’a que la solution de se réfugier dans l’église… Mante est prise et Meulan le sera dans quelques jours…
Cette prise de Mante n’est pas racontée de la même façon par Jean Froissart, pourtant chroniqueur célèbre du 14e siècle, qui parle aussi d’une ruse mais dit que le Maréchal Boucicaut, à cheval et en armes et accompagné de ses hommes, aurait demandé l’ouverture des portes en prétendant être sauvagement poursuivi…  
Laissons là ces querelles et profitons du calme revenu à Limay car la paix ne va pas durer et les Anglais reviendront, dans quelques temps, arpenter le village… 
En attendant, regardons encore les hauteurs sur lesquelles se trouve notre château des Célestins… Avant qu’il ne soit construit il y avait déjà quelques habitants qui vivaient dans une saine solitude près de la source

Lettrine de la charte de la fondation du monastère des Célestins de Limay
 
vitale qui s’appelle la Carrelée qui alimenta Mante incapable, repliée derrière ses murs, d’être autonome pour ses besoins primordiaux.  Cette présence humaine est attestée dès l’an 1363 et confortée en 1367 par l’érection d’une chapelle en l’honneur de Sainte-Christine. Charles V, désireux d’installer des moines Célestins dans la région, en acquit les droits ainsi que ceux sur ses dépendances ; Il dédie le monastère à la Sainte Trinité qui est dès lors symbolisée par trois fleurs de lys indissociables.
 
La charte qui régit la fondation du monastère des Célestins à Limay revêt une importance particulière puisqu’elle précise l’emploi des trois fleurs de lys qui deviendront le symbole officiel du royaume de France… Cette charte est expédiée en février 1376 et est cachetée du sceau ancien ; l’enregistrement de cette charte est authentifiée par un sceau à trois fleurs de lys mais il faut garder à l’esprit que Charles V utilisait déjà un sceau ordonné à trois fleurs de lys dès 1375 comme il est attesté par une charte datée du 07 décembre de cette année.
A Limay, nous devons donc un troisième élément de notre écu à Charles V ou aux Célestins, comme il plaira à chacun… et même un quatrième puisque soutenant l’écu se trouve une croix pattée sur laquelle s’enlace la lettre S. Si l’on voit bien la référence directe au monastère des Célestins avec l’utilisation de la croix pattée, le S reste un peu mystérieux et bien compliqué car il représenterait l’initiale de la ville de Sulmona qui se trouve dans les Abruzzes, en Italie, berceau de l’ordre des Célestins où Pierre de Morrone, futur éphémère pape Célestin V, a fondé l’abbaye du Saint-Esprit… Si l’on retrouve la croix pattée sur l’écu de Porcheville, en référence aux possessions porchevilloises de nos Célestins, on ne retrouve nulle part ce S.

Charles V dit le Sage se serait-il arrêté à Limay juste pour nous offrir un monastère richement doté et un bouquet de lys ?

Catherine Livet
SUITE

dimanche 25 août 2019

Limay, riche de son passé

Bonjour à tous,

Vous avez été plutôt nombreux à lire les deux premières parties de ma petite histoire de Limay et je vous en remercie ; voici donc la suite.

Vos commentaires sont très appréciés, n'hésitez donc pas à en laisser un à la fin de cet article.

A très bientôt,

Catherine Livet

Moulins, pêcheries etc.
Vieux Pont et pont Perronet
Seine, quais, gel et inondations
Concentrons-nous, forçons notre mémoire, souvenons-nous des gravures, des films... que nous avons pu voir et imaginons notre bon vieux pont grouillant de vie... les charrettes, les carrosses, les voitures à bras, les cavaliers, les piétons et même les gens d'armes qui, depuis le moyen âge, se rendent d'un point à un autre du royaume... se croisent, se dépassent pendant que les mariniers manœuvrent de main de maître,
Dessin - mine de plomb - 18e siècle - BNF
serpentent entre les bateaux, se faufilent entre les pieux sur lesquels reposent les constructions qui s'accrochent de tout leur poids sur le pont comme ces maudits moulins qui sont si utiles à certains et qui sont si gênants pour d'autres... une chose est sûre encore de nos jours, il est évident que meuniers et bateliers ne faisaient pas bon ménage... Accidents et accrochages sont monnaie courante tant au-dessus qu'en dessous du pont, on s'invective, on s'injurie...
Mais bien d'autres sujets de discordes existent encore comme les droits de péage, ceux sur l'exploitation des pêcheries... on réclame, on se plaint, on fait dresser procès-verbal sur procès-verbal... 
Il est déjà si vieux ce bon pont... il rend  pourtant tant de services aux habitants de Mante comme à ceux de Limay... il faut continuellement l'entretenir, le réparer...  Il paraît que, déjà, en 1658, deux maîtres généraux des œuvres de maçonnerie et de charpenterie des bâtiments du Roi alertaient ainsi : "... dix-sept arches nécessitent des travaux immédiats : voussoirs à remettre, avant becs à rebâtir, parapet de pierre de taille à poser, voûtes à refaire etc."


Malgré les protestations, le pont du côté de Mante va tout de même être démantelé ; la fondation va débuter en 1757 sous la direction de l’ingénieur Hupeau mais voilà que les travaux vont cesser en 1759 à cause de la guerre de 7 ans qui oppose le Royaume de France aux Anglais  -pas que mais c’est une autre histoire- et puis, Monsieur Hupeau décède et voilà que Jean Rodolphe Perronet est nommé premier ingénieur du roi… le pont de Mante sera sa première réalisation à ce titre et les travaux vont reprendre, par la grâce de Dieu, en mars 1764 : «  … L’an 1764, au commencement du mois de mars, l'on a repris la construction du pont laissée au mois de décembre 1759. On a préparé le bois pour cintrer les arches ; avant que de les poser, on s’est dévotement préparé. Il fut dit en l’église Notre-Dame de Mante, le 04 juin, une messe du Saint-Esprit. Elle a commencé à 4 heures et demie du matin et, à 5 heures, tous les ouvriers qui avaient assisté à ladite messe ont été poser les cintres, ce qui dura neuf jours. »
On peut même dire que les travaux ont repris dès 1763 avec l’extraction de la pierre nécessaire de la carrière de Saillancourt à une vingtaine de kilomètres mais aussi, plus près, des carrières de Chérence et de Vétheuil dans le Val d’Oise, qui produisaient également une pierre très dure qui, le plus souvent, était acheminée par bateau dont un grand qui pouvait charger 4 600 pieds cubes… Il faut dire que l’on parle maintenant d’arches de 108 et 120 pieds d’ouverture… pourtant jusqu’à présent, la navigation au niveau du vieux pont de Mante ne se faisait que par une seule arche de 33 pieds alors que certains bateaux faisaient 28 pieds de large…

Travaux du  pont de Neuilly 1768-1769
Epuisement des eaux
Les travaux sont colossaux… Des engins formidables sont utilisés, une main d’œuvre importante est employée pour cette organisation mais, entendons-nous bien, ce chantier ne concerne que la partie du pont du côté de Mante d’ailleurs, Perronet lui-même dit que le Vieux Pont de Limay, construit sur le premier des grands bras a été reconnu pouvoir durer encore un certain nombre d’années… mais lorsqu’il parle de Limay, il parle aussi de « faubourg »… Les querelles entre les Chiens de Mante et les Loups de Limay seraient-elles toujours d’actualité à l’époque de Monsieur Perronet ?

Le nouveau pont de Mante est utilisable dès 1765 pour le plus grand confort de ses utilisateurs et l’on doit attendre avec assez d’impatience la construction, suite logique, d’un « nouveau pont de Limay », d’ailleurs prévu, dans le prolongement de ce pont dit Perronet très novateur et ayant bénéficié des techniques les plus modernes de l’époque… bon d’accord, notre bon Vieux Pont est encore assez solide, mais il va falloir attendre quelques dizaines d’années… jusqu’en 1855 pour pouvoir utiliser le pond neuf de Limay ! Curieux cheminement à effectuer en attendant sur cette route, pourtant appelée Royale, comme on peut le voir sur le plan ci-dessous puisque après avoir emprunté le pont Perronet, il faut tourner à angle droit à droite pour aller récupérer le Vieux Pont et vice versa lorsque l’on vient de Limay… 


Malgré tout ce qui reste à dire au sujet de notre Vieux Pont qui a su charmer, tout au long de son histoire, tous ceux qui le découvraient jusqu’à être starisé dans le film "Jules et Jim" de François Truffaut, sorti sur le grand écran en 1962, il va bien falloir le quitter… Mais tout de même, on ne peut passer sous silence cette étrange alliance, lorsqu’on y songe, entre cette automobile début du 20e siècle qui, désespérée, se jette dans la plaie béante de notre Vieux Pont témoin, au fil des siècles, de tant de souffrances humaines et ces immenses cheminées de la centrale de Porcheville qui ennuagent le ciel de leurs vapeurs douteuses.


Allons, cette fois il nous faut avancer, il reste tant de choses à découvrir et le temps nous est compté. Osons tourner le dos à notre si aimé Vieux Pont… ne soyons pas inquiets, il saura se rappeler à notre mémoire…
Empruntons le Quai qui porte maintenant le nom d’Albert 1er,  « Roi Chevalier de la Grande Guerre » ; mais était-ce vraiment rendre hommage a ce très distingué roi des Belges que de l’installer à la place de Saint-Nicolas sur la plaque qui indique le nom de ce petit quai situé entre notre Vieux Pont et le nouveau pont de Limay ? Jusqu’alors, ce quai s’appelait Saint-Nicolas en référence à l’importante confrérie des « Maîtres-Aydes » du pont de Mantes qui s’étaient placés, en 1652, sous le patronage de ce Saint et qui avaient obtenu, contre des droits plutôt importants, l’usage de la chapelle du même nom, qui devait être l’une des chapelles de la collégiale, sans doute celle qui sera ensuite dédiée à l’Ange Gardien… et cette confrérie ne bénéficiait pas que de ce seul privilège mais… c’est une autre histoire qui nous conduirait beaucoup trop loin de celle de Limay qui nous importe aujourd’hui.
 

Pont de Mantes - 1895
La Seine qui s’offre aujourd’hui si bleue à nos regards mais que nos aïeux ont vu toute blanche, prise par la glace, si complètement gelée que l’on pouvait la traverser à pied sec … Ah ! Merveilleuse invention que la photographie qui nous permet de contempler à notre tour ce qui nous semble une étrangeté mais qui était un phénomène assez fréquent jusqu’au premier tiers du 20e siècle comme en cette année 1895 pendant laquelle on a pu marcher sur l’eau solidifiée pendant au moins 23 jours. Non seulement la scène a été immortalisée mais elle a aussi été éditée sous forme de cartes postales  et du coup, les habitants d’alors se sont souvenus très longtemps de cet hiver 1895 où déjà certains racontaient à ceux qui ne le savaient pas qu’une noce entière s’était faite photographier sur le fleuve glacé en décembre 1879 mais à dire vrai ce n’est pas de cela dont on se souvenait le plus car ce qui a marqué les mémoires est ce qui s’est passé après… on se souvient même d’une date précise, le 07 janvier 1880 où la Seine, si nécessaire à la vie des habitants, s’est fâchée… voulant sans doute se débarrasser de cette chape de glace qui lui pesait, elle s’est mise à gronder… on a d’abord entendu quelques craquements, on a remarqué quelques fissures sur la glace mais bientôt un spectacle aussi grandiose qu’effrayant s’est offert à la vue des Limayens… Le fleuve entier est entré dans une colère noire et a craché dès l’amont son courroux dans un courant impétueux…  et des blocs de glace énormes, des troncs d’arbres, des débris d’embarcations, des pierres, de la ferraille, des meubles et même des cadavres d’animaux, devant la population ébahie,  sont charriés, roulés, soulevés, projetés contre les arbres de l’île de Limay qui ne résistent pas au choc et qui, arrachés, rejoignent les autres victimes de la furie fluviale… La Seine, dans sa fureur, déborde et couvre de ses eaux rageuses les maisons riveraines, effondrant leurs murs, attrapant au passage leurs pierres qu’elle jette dans son lit ravagé… Au niveau de l’arche la plus proche de la rive, la glace s’arc-boute, formant comme un mur sur la pile de notre bon Vieux Pont qui, malgré l’abandon dans lequel il se trouve depuis l’inauguration du nouveau pont, va résister vaillamment et, courageusement, va offrir un rempart suffisamment solide pour dévier le flot ravageur vers sa seconde arche… permettant ainsi que les bateaux des Limayens amarrés en aval soient épargnés par le courant dévastateur…

Il paraît  que dès le lendemain, sortant de leurs abris, plus de mille badauds –la population de Limay vers 1880 devant être inférieure à mille quatre cents habitants- seraient venus commenter l’événement sans précédent et s’extasier devant la robustesse de notre bon Vieux Pont décidément omniprésent dans l’histoire de Limay…
Comme il est difficile de résister à son pouvoir d’attraction mais nous devrions pouvoir le faire puisque nous nous engageons maintenant sous le nouveau pont, ce qui veut dire que nous tournons résolument le dos au Vieux Pont, mais n’oublions pas de jeter un coup d’œil à la petite plaque, discrète, qui indique la hauteur maximum atteinte par la crue de la Seine en 1910… ceci écrit, ce n’est pas la première fois que la Seine sort de son lit à Limay et… ce ne sera pas la dernière… mais en cette année 1910, certaines photos ont été prises et sont parvenues jusqu’à nous… alors, allons-nous afficher une autre vue que celle de notre Vieux Pont les parapets dans l’eau pour illustrer notre propos comme… un cliché du restaurant sis sur l’Ile et portant le
nom évocateur de « Robinson » pratiquement submergé ? Mais non, car la situation est loin de s’améliorer et les prochaines crues sont à redouter à Limay bien entendu mais également dans toute la vallée de la Seine, voici donc une photo qui date de février 2018… Mais où se trouve donc ce bateau ? Cette photographie a été prise à quelques mètres d’ici car nous n’avons plus qu’une dizaine de pas à faire et nous débouchons Quai aux vins…

Passons vite notre chemin car je risque d’oublier la modération et de m’enivrer avec un peu trop de détails et d’anecdotes au sujet des vignobles de Limay  qui produisaient ce bon petit vin qui plaisait tant au « Vert Galant »(1) et à ses successeurs… et cette fois, ce n’est pas une autre histoire…

Note :
(1) Ici, référence au  Roi Henri IV né en 1553 et mort en 1610