vendredi 30 mai 2025

Limay sous les bombardements

L'aviation alliée a commencé à obscurcir le ciel de la région et à déverser ses projectiles meurtriers, le jeudi 20 avril 1944. Les bombardements vont se succéder jusqu'au 13 août 1944. 

Le 10 mai 1944, Limay a eu à déplorer sa première victime. Ce jour-là, les ponts des voies ferroviaires étaient visés. Malheureusement, Pierre Questel, maraîcher de Limay, travaillait au lieu dit "Les Valleyris" lorsqu'une bombe a été larguée sur le secteur, ne lui laissant aucune chance... La mention Mort pour la France lui sera accordée.

Les Alliés préparent le Débarquement, il faut absolument détruire les voies de communication... Le dimanche de Pentecôte 28 mai 1944, les bombes sont larguées sur les ponts et autres infrastructures. Lorsque le pont d'Argenteuil est visé, des bombes, un peu perdues, vers 16 heures, viennent tuer, au numéro 49 du boulevard Langlois, et causer des dégâts matériels à la Roseraie. Les victimes du 28 mai recevront la mention Mort pour la France. Cependant, le pont de Mantes, bien que ses abords aient été très touchés, restent debout... cela ne présage rien de bon...
Deux jours plus tard, sous un ciel radieux, l'alerte est, une fois de plus, donnée. Ce 30 juin 1944, vers 11 h 30, un vrombissement terrible, suivi du bruit d'explosions invraisemblables glacent le sang des habitants restés à Limay. Le pont de Mantes est enfin atteint ! Il semblerait qu'un nuage de poussière aie masqué la destruction du pont et une autre vague de bombardier va survoler la zone, larguer ses projectiles et ravager une grande partie du centre-ville de Mantes. Ce n'est pas encore la fin... une troisième vague surgit... c'est sans doute le pont de Limay qui est visé, mais c'est le centre-ville qui a été touché ; tout ce qui se trouvait entre la rue de Paris et la rue Jules Ferry est dévasté... une bombe a heurté le clocher de l'église Saint-Aubin, n'explose pas, mais éventre le cimetière... Les victimes sont nombreuses. Parmi elles, une famille entière qui avait fui Mantes-la-Ville pour se réfugier à Limay. Les sœurs Chisko(1) devront attendre le 16 janvier 1947, jour de l'audience du tribunal civil de Mantes, pour que leur décès soit fixé au 30 juin 1944. 

Ce ne sera que le 12 août 1944 que les habitants de Limay aperçurent les premiers Allemands en retraite. Dans les jours qui vont suivre, le mouvement va s'amplifier... Les fuyards ne peuvent pas franchir la Seine, la tension monte... Sur la rive gauche, les Alliés approchent vite... 
Dans la matinée du 19 août, les Américains sont à Mantes... Leur artillerie, postée à Magnanville, tire sur le château des Célestins où les Allemands se sont repliés...
Dans la nuit du 19 au 20 août, une patrouille américaine franchit la Seine et s'installe sur la place du Pont-Neuf. Un soldat américain sera tué, accidentellement, le 20 août ; une plaque sera posée en son souvenir.
Dans la journée, le parc des Célestins est repris par les Américains, les tués allemands sont chiffrés à une trentaine.
Dans la soirée, de nombreux Américains, grâce à un pont de bateaux, franchissent la Seine. La contre-attaque allemande échouera, en l'espace de deux ou trois jours, une vingtaine d'avions allemands seront abattus dans la région.

Catherine Livet

(1) La famille Chisko est à retrouver dans le tome 2 de "Les Poilus de Limay" 

Le texte est sous la licence : Licence Creative Commons selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modificationl. Il reste la propriété exclusive de Catherine Livet dont le nom doit obligatoirement être mentionné.

Le tome 1 de "Les Poilus de Limay"
est disponible à la médiathèque de Limay et dans d'autres bibliothèques de la région.
Vous pouvez le commander chez votre libraire habituel.
Vous pouvez également  gratuitement avec votre abonnement Kindle.

Sources, biographie : Archives départementales des Yvelines. Histoire de Limay, des origines à nos jours, Edouard Fosse.  Les bombardements de l’agglomération mantaise pendant la Deuxième Guerre mondiale, par Gaston Marin.

mardi 27 mai 2025

Fusillés au Mont Valérien



Blaise Maurice Louis Marie Rigaud et Abel Louis Plisson se connaissent depuis l'enfance. Blaise habite Limay depuis sa naissance et la famille d'Abel est venue s'installer au village quelques années plus tard. Ils ont le même âge et ont été les élèves de l'école publique où ils ont reçu l'instruction de Monsieur Edouard Fosse(1), qui sera décoré de la médaille de la Résistance(2). Edouard Fosse était déjà titulaire de la Croix de guerre et avait été reçu chevalier de la Légion d'honneur en reconnaissance de son courage et de sa bravoure durant la Première Guerre mondiale. 
 
Le temps passe avec son lot de peines et de joies puis, les événements semblent se précipiter et le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre mondiale en Europe. Dès le 03 septembre, l'Angleterre puis la France, conformément aux alliances faites en mars dernier, prennent la défense de la Pologne. La France — l'Angleterre aussi — est en guerre !
Localement, des mesures sont prises, on rapatrie les enfants qui séjournaient en colonies de vacances, l'usage des sirènes est réservé en cas d'alerte et ne doivent plus retentir à l'entrée et à la sortie des usines, des conseils sont donnés en cas d'intoxication aux gaz, il est recommandé d'avoir des papiers d'identité lorsque l'on quitte son domicile...
La "Drôle de guerre"(3), hormis l'absence des mobilisés et quelques changements dans les habitudes, n'a pas de conséquences directes sur les habitants de Limay. 
L'arrivée des réfugiés, de Belgique et du nord de la France, dès le début du mois de mai 1940, commence à faire changer l'état d'esprit des habitants... L'invasion allemande de la Belgique et des Pays-Bas jette un nombre considérable de familles sur les routes...
Le gouvernement invite les communes à organiser des gardes. À Limay, le commandant, à la retraite, Blaise Désiré Jouaneton(4), prend les choses en main... Il faut dire qu'il possède toutes les qualités pour exercer cette mission. Monsieur Jouaneton est chevalier de la Légion d'honneur depuis 1926... il sera nommé Officier en 1943.
Cette fois, c'est certain, les Limayens prennent conscience que la guerre est à leur porte. 
 
Les jeunes gens nés entre le 1er octobre 1919 et le 31 décembre 1919 et ceux nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 mars 1920 sont incorporés le 08 et le 09 juin 1940.
Blaise est né le 30 septembre 1921 et Abel le 11 juin 1921 ; ils sont donc trop jeunes pour être soldats.

C'est vers midi, le 03 juin 1940, que l'alerte est lancée et bientôt le vrombissement inquiétant des bombardiers allemands se fait entendre... La population prend conscience du danger immédiat et se précipite pour se mettre à l'abri. C'est Mantes, la ville voisine, installée sur la rive gauche, qui est bombardée ; le terrain d'aviation, la D.C.A.(5) et la station-magasin, situés à l'ouest de Mantes, sur le territoire de Gassicourt, sont particulièrement visés. Les blessés sont vite relevés et pris en charge par l'hôpital, mais certains succombent et viennent alourdir le bilan des morts de ce 03 juin.

L'ombre de la mort revient obscurcir le ciel de la région dès le 08 juin 1940... des bombes sont larguées sur les voies ferrées et la gare de Mantes, mais également sur le centre-ville, causant des victimes civiles. Les déplacements de population s'intensifient... D'ailleurs, il faut se dépêcher, car le génie français est chargé, pour retarder l'avancée de l'armée allemande, de faire sauter les ponts... Ce qui est fait dans l'après-midi du 09 juin... même le vieux pont se voit amputé de ses arches... Et puis, il faut évacuer Limay...

Le 22 juin, l'armistice est signé. Le 25, Pétain annonce aux Français les conditions de cette convention et les invitent à regagner leurs foyers : "Certains auront à les reconstruire. Vous avez souffert, vous souffrirez encore. Beaucoup ne retrouveront pas leur métier ou leur maison [...] N'espérez pas trop de l'État [...] Comptez, pour le présent, sur vous-mêmes [...] Nous avons à restaurer la France [...]".
Dès cette annonce, les habitants de Limay commencent à revenir chez eux. Des dégâts matériels sont constatés, notamment sur les vitraux de la petite église Saint-Aubin ; les magasins et des maisons ont été pillés, y compris le château des Célestins.
La vie reprend doucement, chacun faisant face aux difficultés et puis, le 10 juillet, les premiers soldats allemands sont aperçus... C'est le début de l'occupation, Limay va dorénavant vivre à l'heure allemande. 

Les anciens habitants du château des Moussets(6) semblent ne pas être revenus au village. Les Allemands y installent leur poste de commandement local et réquisitionnent les préaux des écoles pour y stocker leur matériel et abriter leurs chevaux et leurs véhicules. Plus tard, ils s'installeront également à la Roseraie.

La résistance se met en place. Dès 1941, des groupes se forment. Leur principale activité est le renseignement. Des jeunes de Limay, pleins d'énergie, se montrent plus actifs. Ils sont membres du groupe, "Jean-Marie"(7), qui est rattaché au réseau britannique "Buckmaster". Dans ce groupe, se trouvent Blaise Rigaud et Abel Plisson. Ont-ils été galvanisés par l'exemple de leur ancien instituteur ? Abel a-t-il voulu se montrer digne de son père, Émile Plisson, décoré de la croix de guerre avec palme et de la médaille militaire pour sa bravoure durant la Grande Guerre, où il avait été gravement blessé et fait prisonnier ?

Quoi qu'il en soit, ces deux jeunes hommes, avec leurs camarades du réseau "Jean-Marie", vont participer à quelques opérations de sabotage et réussir à réceptionner deux parachutages d'armes, c'est ce qui va causer la perte du groupe. Tout se joue en novembre 1943, lors du second parachutage. Malheureusement, le groupe "Jean-Marie" est infiltré par l'abwehr(8) Après la réception, les armes sont dispatchées dans la région parisienne, mais un transporteur est pris en filature. Arrêté et torturé par la Gestapo, le pauvre homme indique le lieu où avaient été cachées les armes après le parachutage. L'enquête est rondement menée et aboutit à l'arrestation de pratiquement tous les membres du réseau. Blaise et Abel sont arrêtés sur leur lieu de travail respectif le 19 novembre 1943. Blaise et Abel seront conduits à la prison de Fresnes, tenue par les Allemands. Présentés devant un tribunal militaire siégeant à Saint-Cloud, Ils sont, le 23 mars 1944, condamnés à mort pour activité de franc-tireur.

Nous voici arrivés à la date du 31 mars 1944. Le jour terrible, celui de l'horreur absolue !
Blaise Rigaud et Abel Plisson sont conduits dans la clairière du fort du Mont Valérien.
Face à leurs bourreaux, résistants jusqu'à la dernière seconde, ils font preuve de la plus grande des bravoures. Les fusils braqués sur eux crachent leurs balles de mort. Aucune échappatoire n'est possible, ils le savent, ils ont accepté depuis longtemps... Ils tombent.  C'est terminé, ils sont "Mort pour la France".

Cette mention "Mort pour la France" ne leur sera accordée que plus tard, et ils recevront, bien entendu à titre posthume, de prestigieuses décorations. Cela aura-t-il permis d'apaiser la douleur de leurs parents, de leur famille et de la fiancée de Blaise ?

Ils seront les derniers fusillés de Limay mais, malheureusement, il y a eu un précédent, en la personne de Adrien Roëlandt(10). Né en 1878, il était conseiller municipal de Limay. Maraîcher, il aimait la chasse et possédait des armes du dernier cri. Lorsque l'ordre fut donné à la population de déposer toutes les armes à la mairie, Adrien Roëlandt ne se sépara que des plus anciennes ou sans véritables valeurs à ses yeux, mais conserva les plus récentes... Il fut dénoncé... La perquisition menée chez lui à la fin du mois d'avril 1942 se solda par la saisie de trois fusils, d'une carabine, d'un important stock de munitions, etc. Arrêté le 1er mai 1942, il fut condamné à mort, pour détention d'armes, par le tribunal militaire allemand siégeant à Saint-Cloud. Il fut fusillé, au Mont-Valérien, le 11 juin 1942.
Les Limayens furent très émus par cette arrestation, mais ne purent rien faire pour le soustraire à son terrible destin.
La mention "Mort pour la France" lui a finalement été accordée par l'ONAC(9), en date du 07 novembre 2012.

Le nom de ces trois malheureux sont gravés pour l'éternité sur le Monument aux Morts de Limay ainsi que sur le monument national des fusillés du Mont-Valérien.

La sente des Champarts, où vivait la famille Plisson s'appelle désormais "rue Abel Plisson", c'est dans la rue au nom de son fils, que le père d'Abel est décédé le 14 mars 1947. le Maréchal Pétain laisse la place à la "rue Blaise Rigaud". La "rue Adrien Roëlandt" prolonge la rue de Paris.

Abel Plisson nous a laissé un extraordianaire et émouvant témoignage. Une broderie qu'il a réalisée lorsqu'il était interné à Fresnes. Cet ouvrage a été donné par sa famille à la ville de Limay qui semble en prendre grand soin. Restaurée et protégée, elle est exposée à la médiatèque municipale.

« Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre et ne s’éteindra pas »
Général de Gaulle, 18 juin 1940.

 Catherine Livet

 Le texte est sous la licence : Licence Creative Commons selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modificationl. Il reste la propriété exclusive de Catherine Livet dont le nom doit obligatoirement être mentionné.

"Les Poilus de Limay"
est disponible à la médiathèque de Limay et dans d'autres bibliothèques de la région.
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Lire des extrait dans une publication de la mairie de Limay : "Au nom des nôtres"

Joindre Catherine Livet 

(1) Monsieur Edouard Fosse sera l'un des héros du tome 2 de "Les Poilus de Limay", par Catherine Livet, aux éditions Becklivet dans la collection "Destins d'ancêtres".
(2)
Décret du 24 mars 1946 paru au Journal Officiel du 17 mai 1946.
(3) La "Drôle de guerre" est la période de la Seconde Guerre mondiale qui s'étend du 03 septembre 1939 (déclaration de guerre par la France - et la Grande-Bretagne - à l'Allemagne) au 10 mai 1940 (invasion allemande de la Belgique, des Pays-Bas et de la France).
(4) Monsieur Blaise Désiré Jouaneton est à retrouver dans le tome 1 de "Les Poilus de Limay", par Catherine Livet, aux éditions Becklivet dans la collection "Destins d'ancêtres".
(5) D.C.A. : Défense Contre Avions, Aéronefs, défense aérienne.
(6) Le château des Moussets fut vendu par ses propriétaires, la famille Atthalin, en 1945 à l'ambassade de l'URSS ; depuis, le château des Moussets est connu, à Limay et ses environs, sous le nom de "Château des Russes".
(7) Le groupe "Jean-Marie" a été créé par Henri Frager. Il est probable que l'antenne du Mantois soit formée à l'été 1943.
(8) L'abwehr est le service du renseignement allemand. Il est probable que le groupe "Jean-Marie" a été infiltré dès le début du séjour (de novembre 1943 à février 1944) à Londres d'Henri Frager.
(9) ONAC : Office National des Anciens Combattants.
(10) Adrien Roëlandt est à retrouver dans le tome 1 de "Les Poilus de Limay"

Sources Bibliographie : Archives départementales des Yvelines. Musée de la Résistance. Journal Officiel de la République française. Site Mémoire des Hommes. Site et archives de Mont-Valérien. Archives départementales des Hauts-de-Seine.  Publications de l'Amicale des réseaux Buckmaster. Service historique de la Défense, Caen.


dimanche 17 septembre 2023

Journées du patrimoine 2023 : Saint Fiacre

Bonjour mon lecteur,

Si vous êtes de Limay, n'hésitez pas à franchir la porte de l'église Saint-Aubin, riche d'histoire et gardienne de bien des trésors.

Parmi eux se trouve une mignonne petite statue qui représente saint-Fiacre avec une pelle à la main.
Ermite vivant il y a fort longtemps, Fiacre s'était retiré dans la forêt de Brie vers Meaux en Seine-et-Marne et avait fait de son ermitage un hospice dans lequel il distribuait aux pauvres les fruits et légumes qu'il y cultivait ; c'est ainsi qu'il est devenu le Saint des maraîchers et autres jardiniers de l'Ile-de-France.
Des personnes ont pris l'habitude d'effectuer un pèlerinage vers le lieu de vie de Saint-Fiacre pour obtenir la guérison de certains de leurs maux car, après la mort de l'ermite, on lui reconnut quelques vertus guérisseuses.


Limay, comme les autres villages de la région, doté de coteaux ensoleillés, était prédisposé à la culture des vignes, omniprésentes et qui produisaient un vin apprécié du bon roi de France Henri IV en personne. Celui qui n'était pas vigneron était tonnelier ou marchand de vin... Mais la nature n'a pas toujours été clémente avec les ceps de la région, comme le 13 juillet 1788 où le ciel s'est mis à gronder et à pleurer des grêlons ayant atteint huit centimètres de diamètre ; le vent a soufflé à 150 km/h. Les tuiles se sont cassées ou se sont envolées, les vitres ont été brisées, des arbres déracinés, des moulins détruits, des flèches d'églises ont été jetées sur le sol, des animaux et des personnes ont été blessés et tués... alors, bien sûr, les vignes ont été déchiquetées... jetant la misère sur Limay et toute la région. Bien d'autres épisodes de ce genre ont eu lieu au fil du temps, mais la nature n'a pas été la seule ennemie des vignerons et le développement du chemin de fer n'a pas été un ami pour la région, surtout à partir de l'invention du "wagon foudre" qui a permis de faire venir jusqu'à Paris du vin de partout. L'augmentation de la demande a poussé les exploitants à abandonner la qualité au profit de la quantité. Bien entendu, les maladies de la vigne se sont aussi invitées, comme le phylloxéra, arrivé en 1861-1863, du Mexique jusque dans le Gard, qui s'est peu à peu répandu partout.


Pour toutes ces raisons, les vignerons de Limay se sont alors tournés vers les cultures maraîchères... d'où la présence dans l'église du village, de la petite statue de saint-Fiacre, représentation un peu naïve, cependant bien aimée des habitants.
Saint-Fiacre est fêté le 30 août et les jardiniers de Limay ont pris l'habitude de sortir, en grande pompe, la statue le dernier week-end d'août, et de processionner à travers le village, Saint-Fiacre bien installé sur un char fleuri prenait l’air, escorté par les maraîchers du village, vêtus de leurs plus beaux habits et arborant fièrement leur bannière ; les enfants, heureux, se joignaient à ce joyeux défilé.

 

J'espère que cette petite histoire de Limay vous plaît.

À bientôt. 

Catherine Livet

 "Les Poilus de Limay"


Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 337 pages - Nombreuses illustrations - Auteur : Catherine Livet pour la collection "Destins d'ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas. ISBN 9782493106018 - Dépôt légal mars 2022 - Sortie le 29 mars 2022

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mercredi 22 mars 2023

Noyés à Mézières

Le 03 juillet 1781, le curé de Mézières, préside à l'inhumation d'un homme, inconnu, âgé d'environ 50 ans, trouvé noyé dans la rivière de Seine. Pour pouvoir enterrer ce malheureux, le curé a dû attendre l'autorisation du prévôt d'Epône et de Mézières. Nicolas février, Nicolas Carlu, Eloy Desmou et Antoine Héloin, présents, ont signé l'acte.

L'enquête, rondement menée, a fait la lumière sur l'identité de la victime ; il s'agit de Jean Dagory, fils de Jean et époux de Marie Andrieux,  vigneron de la ville des Mureaux.

L'eau si nécessaire à la vie peut se montrer bien cruelle... et les habitants le savent bien qui ne s'étonnent pas vraiment d'une noyade. Voici un nouvel exemple.

Le 27 juin 1730, le curé de Mézières a inhumé Antoine Serre, noyé mais, là aussi, il avait fallu qu'une enquête soit menée pour déterminer s'il s'agissait d'un accident... ce qui était le cas ici et le procureur du roy a donné promptement l'autorisation d'enterrer le malchanceux.

À bientôt,

Catherine Livet

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jeudi 22 décembre 2022

Sully

Bonjour mon lecteur,


Le 22 décembre 1641, Maximilien de Béthune, duc de Sully, également, entre autres titres, marquis de Rosny (sur Seine), meurt à Villebon, en Eure-et-Loire. 

Il était né le 13 décembre 1559, probablement au château de Beuron, car les bâtiments de Rosny, pas très éloignés, n'étaient pas en état d'être habités à cette époque.
C'est certainement vers 1595 que Maximilien de Béthume fait élever des bâtiments neufs sur l'emplacement d'une ancienne demeure fortifiée.

Militaire, protestant, compagnon et conseiller d'Henri IV, il avait prévu, lorsqu'il était, en 1599, grand voyer de France (responsable, entre autres choses, des routes royales) de faire faire une beauté à notre bon vieux pont de Limay (de Mantes). Mais les travaux ne seront réalisés que bien plus tard, après l'assassinat d'Henri IV (1610).

Le château de Rosny reste un certain temps la propriété d'un représentant de la famille de Béthune puis il passe entre plusieurs mains avant d'être racheté, en 1818, par le duc de Berry et son épouse.

D'importants travaux de remaniements sont alors entrepris par Marie-Caroline, veuve du duc de Berry assassiné le 14 février 1820, mais la duchesse sera contrainte à l'exil en 1830 ; elle ne reviendra pas à Rosny cependant, l'ombre du présumé fils du duc de Berry et d'Amy Brown, dont l'existence poserait bien des problèmes, rodera sur le Mantois.... mais, je vous en parlerai une autre fois...

La grande page suivante de l'histoire du château de Rosny s'écrit avec la famille Lebaudy qui fait l'acquisition de la propriété en 1869.


Les Lebaudy tiennent leur fortune de l'industrie sucrière, mais ils marqueront les esprits pour bien d'autres raisons comme : 

  • la politique, 
  • la chasse à courre ou encore 
  • "Le Jaune", le dirigeable que les frères Lebaudy font voler pour la première fois, à partir de Moisson, à une dizaine de kilomètres de Rosny, en novembre 1902.

 



Voici un extrait du tome 1 de "Les Poilus de Limay" où j'évoque le fameux dirigeable :

 



À bientôt pour un nouvel épisode de l'histoire de Limay et des environs.

Catherine Livet

"Les Poilus de Limay"
Tome 1
Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 337 pages - Nombreuses illustrations - Auteur : Catherine Livet pour la collection "Destins d'ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas. ISBN 9782493106018 - Dépôt légal mars 2022 - Sortie le 29 mars 2022

Vous pouvez vous procurer "Les Poilus de Limay"

  • auprès de votre libraire préféré ;
  • en téléchargement, pour la version numérique, sur Amazon ;
  • en me rendant visite 6 rue de l'Eglise 78520 Limay (Je suis généralement présente les après-midis, du lundi au vendredi) ou en le commandant à ma maison d'édition : LIBRAIRIE 
 Vous pouvez également emprunter "Les Poilus de Limay" à la médiathèque de Limay.




mercredi 21 décembre 2022

La bande à Bonnot et le cambriolage du bureau de poste de Limay

 Bonjour mon lecteur,

Le 21 décembre 1911, avait lieu le premier hold-up motorisé de l'histoire. Le préfet Lépine identifie les gangsters qui n'ont pas fini de faire parler d'eux... Nous connaissons encore bien la "Bande à Bonnot".

Il me vient l'envie de vous raconter l'histoire du cambriolage du bureau des postes de Limay.

Le matin du 08 décembre 1911, un homme arrive au 28 rue Nationale à Limay ; c'est l'adresse du bureau
des postes depuis le 10 janvier. Cet homme est venu apporter le courrier arrivé pendant la nuit à "Mantes-Gare" mais, lorsqu'il s'approche de la porte, il constate qu'elle est ouverte... Il file ventre à terre chercher la receveuse, Melle Lecoq, qui loge à une encablure. Elle accourt et ne peut que confirmer que le bureau vient d'être cambriolé.

Après avoir remis un peu d'ordre, Melle Lecoq dresse l'inventaire, très précis, de ce qui a été volé.


 

Les gendarmes, puis M. Mouliet, commissaire de police et M. Grévin, brigadier, ouvrent l'enquête... Impossible de retrouver les coupables... qui seraient au nombre de trois...

Ce n'est qu'après sa mort, le 15 mai 1912 - après l'assaut donné contre la maison de Nogent-sur-Marne où il était retranché avec son complice René Valet -  grâce à un carnet retrouvé sur lui, que la justice pourra déterminer qu'Octave Garnier, de la bande à Bonnot, était l'un des auteurs du cambriolage du bureau de poste de Limay et du vol commis le lendemain, 09 décembre 1911, dans la maison de M. Trochu, rue d'Alsace à Mantes.

Garnier, né le 25 décembre 1889 à Fontainebleau, était parti en Belgique pour échapper au service militaire ; il y était recherché pour cambriolage, vol d'une voiture avec meurtre du chauffeur, etc. Il était déjà associé à Valet et était recherché, au même titre que Jules Bonnot, pour vol qualifié en mars 1911.
Il rentre alors en France, avec sa maîtresse, Marie Vuillemin dite "Marie la Belge" qui, bien qu'arrêtée en mai 1912, sera acquittée et remise en liberté à l'issue du procès de la bande à Bonnot, en février 1913.

À bientôt pour un nouvel épisode de l'histoire de Limay.

Catherine Livet

"Les Poilus de Limay"
Tome 1
Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 337 pages - Nombreuses illustrations - Auteur : Catherine Livet pour la collection "Destins d'ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas. ISBN 9782493106018 - Dépôt légal mars 2022 - Sortie le 29 mars 2022

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  • auprès de votre libraire préféré ;
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  • en me rendant visite 6 rue de l'Église 78520 Limay (Je suis généralement présente les après-midis, du lundi au vendredi) ou en le commandant à ma maison d'édition : LIBRAIRIE 
 Vous pouvez également emprunter "Les Poilus de Limay" à la médiathèque de Limay.

Crédit photos : Liste des objets volés à la poste de Limay : Producteur du document : État/Service régional de police judiciaire de Versailles - Lieu de conservation : Archives départementales des Yvelines - Cote 1373W 1 - Licence ouverte. Portrait Octave Garnier : Domaine public, photo prise lors d'une arrestation de Garnier, probablement en 1908. - Poste de Limay : Tout droit réservé.

mardi 20 septembre 2022

Journées du Patrimoine : Les Célestins de Limay

 [...]

Laissons derrière nous les bords de Seine, traversons précautionneusement les grandes artères et faufilons-nous vite dans les rues anciennes qui nous parlent de l’histoire de Limay dans les Yvelines. Nos regards se portent sur les hauteurs de la ville où domine une grande bâtisse carrée qui est nommée « château des Célestins »… N’est-il pas normal pour des moines portant un nom si évocateur de vouloir bâtir leur maison sur les hauteurs, au plus près de la voute céleste ? A dire vrai, d’autres raisons ont fait qu’il y a longtemps… très longtemps, une communauté religieuse s’est établie dans le village… Fermons les yeux, oublions ce château… concentrons-nous, tentons de nous souvenir de nos manuels scolaires… voilà, nous y sommes presque… des réminiscences d’histoire de France assaillent nos neurones… Les Valois, les Plantagenêts… la guerre de Cent ans… Charles V… le mythique chevalier Du Guesclin… Mais oui, nous y sommes totalement… en plein Moyen Age ! Et oui, il y avait des Anglais sur ce territoire dont nous parlons… Charles V dit « le Sage », est le premier fils de roi à porter le titre de Dauphin, il est le fils de Jean dit « le Bon » ; Charles II de Navarre qui sera appelé « le Mauvais » réclame, entre autres choses, le trône de France, il a de grandes possessions en Normandie, il s’allie pendant quelques années avec les Anglais dont le roi, Edouard III Plantagenêt, a aussi revendiqué le trône de France et c’est même, pour un temps, proclamé roi de France, ce dernier a pour fils Edouard qui restera dans l’histoire sous le nom de « Prince noir » et qui infligera une cruelle défaite aux Français, en 1356...

[...] 

Charles V charge Bertrand Du Guesclin de reprendre la vallée. Le chevalier fait le siège de Rolleboise également aux mains des Anglais mais il s’avère que la prise de cette forteresse ne va pas se faire en un jour alors, dans le même temps, il est décidé de prendre la ville de Mante...

 [...] 

Laissons là ces querelles et profitons du calme revenu à Limay car la paix ne va pas durer et les Anglais reviendront, dans quelque temps, arpenter le village… 
En attendant, regardons encore les hauteurs sur lesquelles se trouve notre château des Célestins… Avant qu’il ne soit construit, il y avait déjà quelques habitants qui vivaient dans une saine solitude près de la source vitale qui s’appelle la Carrelée qui alimenta Mante incapable, repliée derrière ses murs, d’être autonome pour ses besoins primordiaux.  Cette présence humaine est attestée dès l’an 1363 et confortée en 1367 par l’érection d’une chapelle en l’honneur de Sainte-Christine. Charles V, désireux d’installer des moines Célestins dans la région, en acquit les droits ainsi que ceux sur ses dépendances. Il dédie le monastère à la Sainte Trinité qui est dès lors symbolisée par trois fleurs de lys indissociables.

La charte qui régit la fondation du monastère des Célestins à Limay revêt une importance particulière puisqu’elle précise l’emploi des trois fleurs de lys qui deviendront le symbole officiel du royaume de France… 

Charte de fondation des Célestins de Limay (1)

 A suivre,

Catherine Livet

Vers les sources de Limay

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